Changer de filière est une décision majeure que j’ai prise après plusieurs mois de réflexion. Selon une étude de l’Observatoire de la vie étudiante publiée en 2023, près de 30% des étudiants envisagent une réorientation durant leur première année d’études supérieures. Ayant accompagné de nombreux jeunes dans ce processus, je sais combien cette démarche peut générer d’anxiété, particulièrement quand il s’agit d’en parler à sa famille.
Les signes révélateurs d’une orientation qui ne vous correspond plus
La première alerte qui m’a interpellé venait de cette sensation persistante de déconnexion. Je me souviens d’étudiants qui, comme moi, se rendaient en cours avec une boule au ventre chaque matin. Ce n’est pas simplement la fatigue habituelle – c’est plus profond. Vous vous surprenez à rêvasser constamment d’autres horizons professionnels.
Vos résultats académiques peuvent également vous mettre la puce à l’oreille. Malgré des efforts substantiels, vous stagnez dans des matières qui devraient vous passionner. En DUT ou en BTS, les évaluations sont fréquentes et révélatrices. Un désintérêt chronique pour les projets pratiques est particulièrement significatif dans ces filières techniques où l’application concrète constitue l’essence même de la formation.
J’ai remarqué qu’une majorité d’étudiants en décalage avec leur filière traversent ces phases caractéristiques :
- Doute initial et questionnement sur leurs aptitudes
- Recherche active d’informations sur d’autres cursus
- Comparaison mentale constante avec d’autres choix possibles
- Sentiment d’imposture grandissant
- Décision de réorientation, souvent gardée secrète
Pourquoi garde-t-on le silence face à nos parents?
La crainte de décevoir constitue probablement le frein principal. En 2024, le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (CEREQ) a révélé que 65% des jeunes en réorientation craignent avant tout la réaction parentale. Cette peur du jugement familial peut paralyser même les plus déterminés d’entre vous.
Pour beaucoup d’étudiants que j’accompagne, le poids des investissements déjà consentis par leurs parents amplifie cette culpabilité. Logement étudiant, équipements spécifiques, voire déménagement familial… Ces considérations matérielles ne sont pas négligeables et alimentent le sentiment de leur devoir une certaine persévérance.
Les attentes familiales, parfois tacites, parfois clairement exprimées, pèsent également. J’ai connu des étudiants en IUT informatique dont les parents, eux-mêmes ingénieurs, avaient déjà tracé tout un parcours idéal. Annoncer que l’on préfère finalement les métiers de l’artisanat ou les sciences humaines revient alors à briser un rêve qui n’était pas vraiment le vôtre.
Raisons du silence | Fréquence chez les étudiants | Impact émotionnel |
---|---|---|
Peur de décevoir | Très élevée | Anxiété chronique |
Crainte du conflit | Élevée | Stress relationnel |
Sentiment d’échec personnel | Moyenne | Baisse d’estime de soi |
Incertitude sur la nouvelle voie | Élevée | Doute paralysant |
Les étapes pour assumer votre choix avec sérénité
La première démarche consiste à bâtir un projet solide. J’insiste toujours auprès des étudiants: ne quittez jamais un bateau sans avoir une embarcation de rechange. Prenez rendez-vous avec des conseillers d’orientation, rencontrez des professionnels du secteur qui vous attire, assistez à des cours d’essai si possible.
Documentez votre parcours de réflexion. Conservez les traces de vos recherches, notez vos motivations profondes, établissez un comparatif détaillé entre votre filière actuelle et celle envisagée. Ces éléments concrets faciliteront grandement la discussion avec vos parents lorsque vous déciderez de franchir le pas.
Cherchez des alliés avant la conversation familiale. Un professeur bienveillant, un conseiller d’orientation ou même un autre membre de la famille peut jouer ce rôle précieux de médiateur ou simplement de soutien moral. J’ai souvent constaté que l’appui d’une figure d’autorité extérieure aide considérablement à faire passer le message.
Enfin, choisissez judicieusement votre moment. Une période d’examens ou de tension familiale n’est certainement pas propice. Privilégiez un cadre détendu, avec du temps devant vous, pour aborder sereinement ce sujet qui mérite une vraie conversation et non une simple annonce.