Si j’ai vu passer des centaines d’étudiants franchir les portes de mon établissement, les profils des trentenaires revenant sur les bancs de l’école ont toujours suscité mon admiration. Ces parcours non-linéaires témoignent d’un courage remarquable. En 2023, selon le ministère de l’Enseignement supérieur, plus de 45 000 personnes âgées de 30 à 40 ans ont repris des études en France. Une tendance qui s’accélère depuis la crise sanitaire de 2020.
Les motivations qui poussent à reprendre ses études à 35 ans
Pourquoi quitter la stabilité d’un emploi pour replonger dans les révisions et les examens ? Lors de mes années de conseil, j’ai identifié plusieurs moteurs communs chez ces adultes retournant en formation.
L’évolution professionnelle reste le premier motif invoqué par la majorité des personnes que j’accompagne. Après plus d’une décennie dans le même secteur, nombreux sont ceux qui aspirent à davantage de responsabilités ou à une meilleure rémunération. Marie, ancienne assistante administrative devenue ingénieure en informatique, me confiait : « À 36 ans, j’étouffais dans mon poste. La programmation m’attirait depuis toujours, mais je n’avais jamais osé me lancer. »
La reconversion professionnelle constitue le second levier puissant. Thomas, ex-commercial dans l’automobile, a intégré un BTS Métiers de l’audiovisuel à 34 ans : L’idée de continuer à vendre des produits qui ne m’intéressaient pas pendant encore 30 ans m’était insupportable. J’ai préféré sacrifier deux ans pour vivre enfin de ma passion.
Enfin, le développement personnel et l’enrichissement intellectuel motivent également ce retour aux études. Certains cherchent simplement à acquérir de nouvelles compétences ou à satisfaire une curiosité intellectuelle mise en veille. Une démarche particulièrement prégnante dans notre société où l’apprentissage tout au long de la vie devient une nécessité.
Surmonter les obstacles spécifiques aux étudiants adultes
Reprendre des études à 35 ans présente des défis particuliers que j’observe quotidiennement chez mes étudiants « matures » :
- La gestion du temps, particulièrement pour ceux qui doivent jongler entre études, travail et famille
- Les contraintes financières, avec souvent un crédit immobilier et des charges fixes importantes
- La peur d’être « dépassé » face à des étudiants plus jeunes
- La remise en question des méthodes d’apprentissage
- L’adaptation aux nouvelles technologies éducatives
Sophie, 37 ans, aujourd’hui diplômée d’un DUT Techniques de commercialisation, m’avouait : Les premiers mois ont été éprouvants. J’avais l’impression d’avoir oublié comment apprendre. Puis j’ai découvert que mon expérience professionnelle me donnait un avantage considérable pour comprendre certains concepts.
Pour contourner ces difficultés, j’encourage systématiquement la création d’un environnement favorable à l’apprentissage. Cela passe par l’aménagement d’un espace de travail dédié, l’établissement d’un planning réaliste et la communication claire avec l’entourage sur cette nouvelle priorité.
Témoignages inspirants de parcours réussis
Laissez-moi vous présenter trois parcours emblématiques qui prouvent qu’il n’est jamais trop tard pour se réinventer :
Prénom | Âge de reprise | Formation suivie | Situation actuelle |
---|---|---|---|
Karim | 35 ans | BTS Systèmes Numériques | Développeur web senior |
Aurélie | 38 ans | Licence en Psychologie | Consultante RH |
Marc | 36 ans | BUT Génie Civil | Chef de chantier |
Karim, ancien chauffeur-livreur, témoigne : « J’ai toujours été passionné par l’informatique, mais je n’avais pas eu la chance de faire des études. À 35 ans, j’ai sauté le pas. Les deux années de BTS ont été intenses, mais chaque effort en valait la peine. Aujourd’hui, je gagne mieux ma vie et surtout, je m’épanouis professionnellement. »
Aurélie, quant à elle, souligne l’importance du soutien familial : « Sans mon conjoint qui a pris le relais avec les enfants pendant mes périodes d’examens, je n’aurais jamais réussi. Ce diplôme, c’est aussi le leur. »
Les clés d’une reprise d’études réussie après 35 ans
Au fil des années d’accompagnement, j’ai identifié plusieurs facteurs déterminants pour transformer cette reprise d’études en succès :
Choisir une formation adaptée à votre projet professionnel constitue l’étape fondamentale. Privilégiez les cursus reconnus par les employeurs de votre secteur cible. Les formations en alternance offrent souvent un excellent compromis entre théorie et pratique, tout en maintenant un revenu.
Se renseigner sur les dispositifs financiers existants s’avère crucial. Le Compte Personnel de Formation (CPF), le projet de transition professionnelle (PTP) ou encore l’aide individuelle à la formation (AIF) peuvent considérablement alléger la charge financière. Un de mes anciens étudiants a ainsi pu financer intégralement sa formation d’ergothérapeute grâce à ces dispositifs combinés.
Enfin, construire un réseau solide dès le début de votre formation vous permettra de maintenir votre motivation et de faciliter votre insertion professionnelle. Les groupes d’étude, les associations d’anciens élèves et les plateformes professionnelles constituent d’excellents points de départ.
La reprise d’études à 35 ans représente un défi, certes, mais aussi une formidable opportunité de réinventer son parcours professionnel. Comme j’aime le rappeler à mes étudiants : ce n’est jamais le moment parfait pour changer de vie, mais c’est toujours le bon moment pour commencer à construire celle que vous désirez vraiment.