À 19 ans, j’avais tout prévu : réussir ma première année d’IUT et poursuivre sur ma lancée vers un avenir prometteur. Et puis c’est arrivé – ce verdict que j’appréhendais tant. Le redoublement. Ce mot qui évoque l’échec, la honte parfois. Aujourd’hui, avec le recul, je peux vous confier que cette expérience a transformé ma trajectoire d’une façon que je n’aurais jamais imaginée.
L’impact psychologique du redoublement en études supérieures
Selon une étude de l’Observatoire national de la vie étudiante publiée en 2023, près de 30% des étudiants de première année redoublent ou se réorientent. Ce chiffre, loin d’être anecdotique, montre que cette situation est bien plus commune qu’on ne le pense.
Lorsque j’ai reçu mes résultats, j’ai traversé ce que les psychologues nomment les cinq étapes du deuil académique. D’abord le déni – ces notes ne pouvaient pas être les miennes. Puis la colère – contre le système, les professeurs, moi-même. La négociation est venue ensuite, ces moments où je cherchais des arrangements impossibles. Et finalement, après une phase de dépression, l’acceptation.
Ce processus m’a permis de développer une résilience que je n’aurais jamais acquise autrement. La capacité à rebondir après un échec constitue peut-être la compétence la plus précieuse que j’ai développée durant cette période. Dans un monde professionnel où l’adaptabilité est devenue cruciale, cette expérience s’est révélée formatrice.
Les premiers jours de ma « seconde première année » ont été particulièrement déstabilisants. Voir de nouveaux visages dans les amphithéâtres, expliquer ma situation aux autres, répondre à ces regards parfois compatissants… Tout cela demande un certain courage.
Ma méthode repensée pour aborder les études
Mon échec initial m’a forcé à remettre en question mes méthodes de travail. Voici les changements que j’ai opérés et qui ont transformé mon approche :
- L’organisation quotidienne structurée avec un planning hebdomadaire respecté
- La méthode Pomodoro adaptée (25 minutes de concentration intense suivies de 5 minutes de pause)
- Les groupes d’étude collaboratifs plutôt que l’isolement académique
- La recherche proactive d’aide auprès des enseignants et du tutorat
J’ai également découvert l’importance d’une préparation mentale adaptée. Chaque cours est devenu une opportunité de compréhension plutôt qu’une simple prise de notes mécanique. Cette différence d’approche a radicalement changé mes résultats.
Mon redoublement m’a offert une seconde lecture des enseignements. Cette fois, je percevais les connexions entre les différentes matières, les nuances dans les explications des professeurs. Ce que je considérais comme des détails insignifiants s’est révélé être des clés de compréhension essentielles.
| Avant le redoublement | Après le redoublement |
|---|---|
| Étude passive, lecture simple | Apprentissage actif, questionnement |
| Travail en solitaire | Collaboration et échanges |
| Révisions de dernière minute | Préparation continue et progressive |
| Peur de poser des questions | Participation active en cours |
Les bénéfices insoupçonnés de cette année supplémentaire
Cette année « perdue » s’est avérée être l’une des plus enrichissantes de mon parcours. J’ai développé une maturité académique que beaucoup de mes camarades n’ont acquise que bien plus tard. La profondeur de compréhension des matières fondamentales m’a donné un avantage certain pour la suite de mes études.
Plus surprenant encore, mon redoublement a été perçu comme un atout lors de mes premiers entretiens professionnels. Les recruteurs ont valorisé ma capacité à reconnaître mes erreurs, à persévérer et à transformer une difficulté en opportunité. En mars 2024, lors du forum des entreprises organisé par mon IUT, un responsable RH m’a confié que cette expérience prouvait ma ténacité – une qualité recherchée dans le secteur industriel.
Sur le plan personnel, j’ai également tissé des liens plus diversifiés. Appartenant désormais à deux promotions différentes, mon réseau s’est considérablement élargi. Ces connections multiples m’ont ouvert des portes inattendues, tant pour des projets académiques que pour des opportunités professionnelles.
Ce redoublement a finalement été un moment charnière où j’ai appris à me connaître véritablement – mes forces, mes faiblesses, mes méthodes d’apprentissage optimales. Je suis devenu l’architecte conscient de mon parcours plutôt qu’un simple passager de mes études.